Julien Deslangle

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Le progrès scientifique : toujours plus vite, plus haut, plus fort ?

Chaque édition des Jeux Olympiques voit de nouveaux records être battus. Pourtant, sauf potion magique, bottes de sept lieues ou accessoire futuriste, il paraît peu probable qu’un héritier plus ou moins lointain d’Usain Bolt coure le 100 mètres en huit secondes. Le progrès sportif finira par atteindre un plafond, se heurtant aux limites de nos capacités physiques.

En ira-t-il de même du progrès scientifique et technologique ? Il semble s’être accéléré dans les dernières décennies, mais, même en postulant une abondance de ressources et une absence d’obstacles politiques ou économiques (ce qui est déjà une hypothèse audacieuse !), ne se heurtera-t-il pas un jour à nos limites cognitives ? Des chercheurs en intelligence artificielle parmi les plus éminents admettent qu’ils ne comprennent pas très bien eux-mêmes comment fonctionne l’apprentissage profond (deep learning). Cela interpelle !

Bien sûr, l’intelligence artificielle peut nous épauler dans l’exploration des territoires encore inaccessibles à notre compréhension, mais le temps ne viendra-t-il pas où nous ne saisirons même plus ce que l’IA nous dira ? C’est d’ailleurs ce qui nourrit chez certains la crainte de voir l’IA s’améliorer d’elle-même, devenir autonome et nous dominer. Cette hypothèse, dite de la « singularité technologique », incite Elon Musk, Ray Kurzweil et d’autres à œuvrer pour une hybridation transhumaniste entre l’homme et la machine, afin d’augmenter nos capacités et de permettre ainsi à l’espèce humaine de garder le contrôle de son destin (et peut-être aussi de courir le 100 mètres en huit secondes).

Mais que se passera-t-il si l’hypothèse de la singularité ne se réalise pas – nombreux sont ceux qui n’y croient pas –, si l’intelligence artificielle plafonne de la même façon que l’intelligence humaine, ne pouvant dès lors ni se substituer à cette dernière, ni l’augmenter au-delà de certaines limites, et si aucune intelligence extraterrestre supérieure ne nous vient en renfort ? Peut-on concevoir un monde où la science et la technologie ne progresseraient plus, ou seulement de manière très marginale, au gré de quelques hasards ? À quoi ressemblerait un monde sans découvertes, un monde sans horizon ?

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