Dans cette revue de presse : l’intelligence artificielle, évidemment – y a-t-il un autre sujet dont on parle autant en ce moment ?

IA et art – L’impact de l’intelligence artificielle générative (avec des programmes comme Dall-E ou ChatGPT) sur l’art et les artistes est vraiment l’un des sujets « chauds » du moment. J’en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, je me suis exprimé en faveur d’une identification claire des contenus produits par l’IA, mais je voudrais poursuivre le feuilleton en mentionnant que la “riposte” s’organise : selon cet article du site Futurism.com, aux États-Unis, trois artistes de même que l’agence Getty Images, ont déposé une plainte contre les créateurs de générateurs d’images comme Midjourney et Stable Diffusion, au motif que ces programmes sont entraînés à partir de millions d’œuvres sans en rétribuer les auteurs (ni même solliciter leur autorisation). Les défendeurs pourraient faire valoir qu’il s’agit d’un usage raisonnable des œuvres en question : après tout, quel artiste ne se forme pas en étudiant les œuvres d’autres créateurs ? Toutefois, un programme n’ayant ni personnalité ni de conscience, certains considèrent qu’il ne peut pas s’inspirer des autres, qu’il peut seulement les plagier – cette tribune de l’illustrateur François Baranger présente un point de vue intéressant sur la question. Le débat est loin d’être terminé… Si l’issue de ces premières procédures judiciaires est incertaine, la démarche pourrait en fait amener les développeurs de programmes d’IA générative à accepter une rétribution des artistes. Le contexte n’est pas sans rappeler l’époque où les créateurs de contenus étaient en guerre, ou en négociation, avec les plateformes comme YouTube. Affaire à suivre…

Pendant ce temps, les artistes pourront toujours essayer de se rassurer en contemplant cet article recensant quelques-uns des plus beaux “ratés” de l’IA générative. Pour avoir passé pas mal de temps à tester Dall-E moi-même, je peux confirmer que la qualité des images produites est assez inégale – mais pour combien de temps encore ?

IA et avocats – Tandis que Midjourney ou Stable Diffusion font l’objet de plaintes, d’autres IA pourraient, elles, bientôt plaider en cour. Début janvier, on apprenait qu’une startup ayant développé un chatbot-avocat prévoyait d’utiliser son programme dans des juridictions traitant des infractions au code de la route, et proposait même de payer un justiciable pour lui permettre de laisser le chatbot le défendre devant la Cour suprême des États-Unis… Finalement, cette performance n’aura pas lieu, le PDG de la start-up y ayant renoncé après que des procureurs californiens l’ont menacé d’une peine de prison s’il réalisait son projet. Mais les positions évolueront peut-être, et il n’en demeure pas moins que le programme peut sans doute déjà aider un avocat à préparer sa plaidoirie… Après tout, ChatGPT a passé avec succès l’examen du barreau !

IA, robots et… tous les autres métiers – Les artistes et les avocats ne sont évidemment pas les seuls à devoir se poser des questions face aux progrès de l’IA. Les domaines d’application sont si nombreux qu’il est difficile d’imaginer un métier “intellectuel” qui ne soit pas concerné, comme le démontre assez bien cet article de la Harvard Business Review au sujet du seul ChatGPT. Les métiers “manuels” sont quant à eux susceptibles d’être transformés par les progrès de la robotisation. Et bien sûr, robots et IA se complètent, comme l’illustre cette vidéo dans laquelle Ameca, un robot capable de reproduire des expressions faciales convaincantes, utilise en plus GPT-3 (le modèle de langage également exploité par ChatGPT) pour soutenir une conversation… Au fond, je crois qu’une organisation, privée ou publique, qui ne se demande pas, aujourd’hui (et non demain), ce que ces évolutions impliquent pour elle, ses travailleurs et ses clients ou usagers risque de se retrouver rapidement dépassée…

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