Demain, tous augmentés ?
Alors qu'Elon Musk vient d'annoncer la pose du premier implant cérébral de sa firme Neuralink sur un patient humain, il faut lire cette interview du psychiatre Raphaël Gaillard, parue sur le site du magazine Le Point, sur la question de l'augmentation cérébrale.
Quelques points particulièrement intéressants (je trouve) :
- l'augmentation de l'Homme est déjà une réalité, en particulier par la pharmacologie ;
- il est très difficile de différencier entre des techniques ayant un objectif thérapeutique de réparation et d'autres ayant un objectif d'augmentation (cette distinction n'est donc guère opérante d'un point de vue éthique, pour déterminer ce qui serait "légitime" ou non) ;
- l'augmentation ne peut concerner l'ensemble des capacités cognitives à la fois, pas plus qu'il n'est et ne sera sans doute possible de "télécharger" son cerveau sur un disque dur ou de "téléverser" l'encyclopédie dans un cerveau ;
- chaque augmentation ne vise donc qu'une capacité, par exemple la mémoire, avec le risque de "rompre l'harmonie du cerveau", organe complexe s'il en est, et de créer des êtres ultraspécialisés ;
- de nouvelles formes d'inégalités pourraient apparaître, entre ceux qui tolèreront bien les augmentations (et pourront se les offrir...) et les autres. Je suis d'ailleurs convaincu que le transhumanisme, puisqu'il s'agit bien de cela, est l'avenir de l'inégalité ;
- comme avec d'autres technologies, le risque est aussi que ces "augmentations" ne fassent en réalité qu'accroître notre dépendance à la machine et atrophient nos compétences "naturelles", de la même manière que disposer d'un GPS ou d'une calculatrice dans notre poche a pu réduire notre sens de l'orientation ou notre compétence en calcul mental ;
- la pratique assidue de la lecture est critique pour nous rendre plus intelligents, contrer les possibles effets pervers de l'augmentation cérébrale et "réussir cette nouvelle hybridation par la technologie".
Voulez-vous recevoir mes prochains billets? Cliquez ici pour vous abonner à mon blog.
