Des nouvelles du futur #3

Dans cette revue de presse : l’avenir de l’intelligence artificielle, de l’Homme, de l’orbite terrestre et du monde tel que nous le connaissons…

 

IA et bon sens — Comme le rapporte le site Futurism.com, Yann Le Cun, scientifique en chef de Meta sur l’intelligence artificielle, a récemment publié un article dans lequel il souligne que le bon sens, défini comme la compréhension intuitive du monde et de ses lois notamment physiques, échappe pour l’heure aux systèmes d’IA, ce qui freine ces derniers dans leur apprentissage. Il prend notamment l’exemple des systèmes pilotant les voitures autonomes, auxquels des milliers d’exercices sont nécessaires pour assimiler ce qu’un humain comprend intuitivement ou en tout cas beaucoup plus rapidement. Le chercheur français ne s’arrête pas à ce constat et propose une approche pour remédier à ce problème et faire ainsi des algorithmes des « penseurs autonomes ». Le bon sens sera-t-il donc bientôt, selon les mots de Descartes, « la chose du monde la mieux partagée », même par l’IA ? À suivre…

 

IA et art, suite — J’ai déjà abordé (ici et ici) les progrès de l’intelligence artificielle dans le domaine des arts. Une IA décrochera-t-elle bientôt le prix Nobel de littérature ? C’est la question que soulève un article paru sur le site Usbek & Rica, qui relate notamment que l’algorithme de génération de texte développé par l’association OpenAI est si performant que ses créateurs ont préféré ne pas le rendre public pour le moment, de peur qu’il ne serve à produire des fake news. Si certains semblent convaincus que nous lirons bientôt tous des histoires composées par des algorithmes, d’autres affirment qu’il manque encore à l’IA une « intentionnalité » qui lui permettrait d’élaborer des textes complexes et cohérents — ce que l’on peut mettre en parallèle avec l’article que je commentais plus haut concernant l’absence de bon sens des IA. Il est en revanche très probable que l’IA s’affirme à court terme comme l’outil de travail de nombreux écrivains, et que cette complémentarité entre l’humain et la machine vienne bouleverser la pratique de l’écriture et l’économie de la littérature, pour le meilleur ou pour le pire…

 

 L’IA pourrait entraîner la disparition de l’Homme… à moins qu’une méduse ne lui confère l’immortalité.

  •  Si l’IA acquiert le bon sens ou produit des œuvres d’art mieux que les humains, que restera-t-il de l’humanité ? Selon un article de chercheurs de l’université d’Oxford, résumé par le site Vice.com, il est non seulement possible, mais probable qu’une IA super-intelligente voie en l’Homme un concurrent direct pour l’accès à des ressources et à une énergie limitées, et cherche donc à s’en débarrasser, provoquant ainsi l’extinction de l’humanité. On peut légitimement remettre en cause certaines des hypothèses sur lesquelles repose ce propos catastrophiste. Il a du moins le mérite de souligner une fois de plus l’urgence et l’importance d’une régulation de l’IA.

  • Bien loin de ces préoccupations existentielles, selon Futurism.com, des chercheurs espagnols ont peut-être percé le secret d’une petite espèce de méduse que l’on peut considérer comme biologiquement immortelle : les gènes de l’animal lui permettraient de protéger, réparer ou remplacer son ADN ou ses cellules. La perspective d’une humaine immortalité relève bien sûr encore de la science-fiction, mais cette découverte pourrait aider à élaborer des traitements contre des maladies neurodégénératives et accroître notre espérance de vie.

 

La guerre en orbite — Selon le site Space.com, la Russie a récemment déclaré à l’ONU que des satellites commerciaux pourraient devenir des cibles militaires « légitimes ». Cette menace est à prendre d’autant plus au sérieux que la Russie a justement réussi en novembre 2021 à détruire un vieux satellite au moyen d’un missile – ce qui lui avait déjà attiré les foudres de la communauté internationale. Moscou considère que l’utilisation de certains satellites à des fins de renseignement et de communication dans les zones de guerre en fait des « armes ». Cette déclaration intervient alors que la galaxie de satellites Starlink détenue par Elon Musk a permis aux Ukrainiens de conserver une couverture réseau malgré la destruction d’infrastructures essentielles par l’armée russe, et que d’autres satellites appartenant à des compagnies privées ont contribué à fournir aux Ukrainiens et à leurs alliés de précieux renseignements.

 

Le métavers est-il l’avenir du monde tel que nous le connaissons ? — Certains voient dans le développement de métavers un moyen de créer des mondes nouveaux, des mondes imaginaires ; d’autres y voient un moyen de conserver – au sens muséal du terme – le monde qui nous est aujourd’hui familier, et que le changement climatique menace de bouleversements. Ainsi de l’archipel polynésien des Tuvalu qui, comme le rapporte le site Usbek & Rica, pourrait disparaître d’ici 2100 en raison de la montée du niveau de l’océan, et que certains proposent très sérieusement de répliquer dans un métavers afin de lui conserver une forme d’existence, y compris politique. Sans attendre la catastrophe, les métavers peuvent aussi être utilisés dans une démarche de sensibilisation, en aidant les citoyens à « comprendre les impacts attendus de la montée du niveau des mers et des phénomènes météorologiques plus extrêmes ». En 2018, j’avais visité à l’Institut du monde arabe à Paris une fascinante exposition qui permettait d’explorer des sites archéologiques, comme Palmyre ou Leptis Magna, détruits, non par le changement climatique, mais par la guerre en Syrie et par la folie de l’État islamique, et reconstitués en réalité virtuelle par la société française Iconem : une autre illustration de la virtualité comme outil de mémoire du réel.

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Ma nouvelle « Munirka » publiée dans la Revue Rue Saint Ambroise

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