Réflexions, pensées et impressions, saisies au fil des jours
L’esprit chemine par les mots. Toute contradiction est assumée.
Pensée du jour #16
Le temps forme une chaîne, dont le présent n’est qu’un maillon. Ni le passé, ni le présent – qui est déjà – ne peuvent être modifiés. Nous ne pouvons agir que sur l’avenir, fût-il distant d’une seconde seulement ; aussi n’existe-t-il de liberté que dans l’avenir. La liberté est notre rocher de Sisyphe : c’est un travail toujours inachevé, un fruit qui ne mûrit jamais. C’est une œuvre de l’imagination, plus encore que de l’espoir. Quand l’imagination meurt, la liberté s’éteint avec elle.
Pensée du jour #5
Ni maîtres ni esclaves, nous vivons tous entre chien et loup, dans le clair-obscur, sans savoir si c’est le jour qui se lève ou la nuit qui approche.
Sur la route de Damas
La route était certes en meilleur état du côté syrien – elle était comme neuve –, mais, sur chaque poteau de lampadaire, tous les cent mètres peut-être, figurait un grand portrait de Bachar el-Assad. Le même portrait, répété sur des kilomètres et des kilomètres, par-delà l’horizon, jusqu’à l’absurde – à défaut seulement de l’infini ou de l’éternité, fantasmes toujours déçus des tyrans.
Pensée du jour #1
La liberté est un océan – elle en a l’immensité, la profondeur et le mouvement. Sur cet océan, le bonheur est un îlot minuscule, battu par les vagues, et qu’une tempête peut engloutir à tout instant. Malgré sa fragilité, il n’y a pas plus de bonheur sans liberté que d’île sans océan.
Littérature et politiquement correct
Je rejette absolument la tendance qui voudrait imposer à la littérature les injonctions du politiquement correct, la soumettre à l’examen des sensitivity readers, ou la transformer en safe space, comme je rejette l’idée que l’on ne puisse écrire, même dans le registre de la fiction, que sur des expériences que l’on a vécues soi-même, ou sur des personnages qui nous ressemblent.