Des nouvelles du futur #5

Dans cette revue de presse : un étrange carnaval de robots tueurs policiers, d’aspirateurs Big Brother, de satellites pollueurs et de biftecks de laboratoire…

Image créée par le programme Dall-E à ma demande sur la base du prompt suivant: “a Hopper-style painting of an armed robot dressed as a policeman

Police et robots tueurs – NBC News rapportait le 30 novembre dernier qu’une résolution votée la veille autoriserait la police de San Francisco à déployer des robots télécommandés capables de tuer – au moyen de charges explosives – « lorsque le risque de perte de vie pour les membres du public ou les agents est imminent et que les agents ne peuvent pas maîtriser la menace après avoir utilisé d'autres options de force ou des tactiques de désescalade ». La décision a suscité la controverse, de nombreuses voix s’élevant pour dénoncer cette forme de justice expéditive et le risque d’abus ou de banalisation progressive de l’usage de ce type d’armes pour des situations moins extrêmes que celles décrites par la résolution. Face à ces réactions, la ville a fait machine arrière le 6 décembre, comme le relate CNN.

Quelques semaines plus tôt, c’était la police d’Oakland qui avait renoncé à solliciter l’autorisation d’utiliser des robots armés, après avoir sérieusement envisagé de le faire.

Si, à San Francisco ou à Oakland, les opposants à l’idée que la police puisse utiliser de telles armes pour « protéger la population » ont pour l’instant eu gain de cause, la question n’a pas fini d’être soulevée, et il y a fort à parier que les décisions n’iront pas toujours dans le même sens : de fait, dès 2016, la ville de Dallas s’est servie d’un robot muni d’une charge explosive pour éliminer un tireur qui avait abattu cinq policiers.

 

Police et moyens de surveillance – Selon le New York Times, le FBI regrette que le nouveau système de chiffrement (end-to-end encryption) des services de cloud d’Apple compromette sa capacité à « protéger les Américains d’actes criminels » en l’empêchant d’accéder aux données des utilisateurs de ces services. Si l’on peut se réjouir des progrès effectués par Apple dans la protection des données de ses clients, une ancienne chef de section du FBI interviewée par le journal new yorkais rappelle qu’il n’appartient pas plus à Apple qu’au FBI, mais au législateur, de déterminer le juste équilibre entre l’objectif de protection des données et celui de la prévention des crimes ou attentats…

De ce point de vue, l’initiative d’Apple ne fait que souligner le besoin de réglementation des services technologiques, désormais omniprésents dans notre vie quotidienne et très influents, afin que les arbitrages nécessaires soient l’expression d’une volonté démocratique plutôt que de la volonté des dirigeants des entreprises du secteur…

Il en va d’ailleurs de même du débat entre liberté d’expression et censure des contenus haineux ou mettant en danger la vie d’autrui, comme ont pu l’illustrer les errements récents d’Elon Musk dans sa « modération » de Twitter.

Avec son Digital Services Act, l’Union européenne semble avoir pris un temps d’avance sur les États-Unis en matière de réglementation des plateformes (et le commissaire européen Thierry Breton ne s’est pas privé de le rappeler à Elon Musk). Reste à voir comment se concrétiseront ces avancées législatives…

 

Pendant ce temps, votre aspirateur cache peut-être un moyen de surveillance dont même le FBI n’oserait pas rêver… Des photos prises par des robots-aspirateurs Roomba à l’intérieur du domicile de clients, et notamment un cliché montrant une femme assise sur le trône, ont récemment été diffusées sur les réseaux sociaux du fait de l’indélicatesse des employés chargés d'aider les appareils en question à identifier les objets qu’ils rencontrent sur leur chemin. Qui eût cru que Big Brother pouvait se cacher dans un aspirateur ? L’anecdote illustre en tout cas que l’accueil d’objets connectés dans son foyer – aspirateurs, enceintes, réfrigérateurs ou autres – n’est pas une décision si anodine qu’on pourrait le croire…

 

Pollution du ciel nocturne – Sera-t-il encore longtemps possible d’admirer la Grande Ourse sans la voir traversée par un tout autre genre de constellation ? Depuis plusieurs années, les astronomes manifestent leur inquiétude face à la multiplication des satellites artificiels qui, orbitant autour de notre planète et réfléchissant la lumière du Soleil, viennent troubler l’observation de l’espace depuis la Terre.

L’Union astronomique internationale (UAI) a ainsi publié fin novembre un communiqué de presse dans lequel elle déplore que le satellite de télécommunication BlueWalker 3 soit devenu « l'un des objets les plus brillants du ciel nocturne, éclipsant toutes les étoiles sauf les plus brillantes », et ce alors qu’une centaine de satellites similaires devraient être lancés dans les prochaines années et que plusieurs autres constellations de satellites de télécommunication sont en cours de déploiement ou en projet : Starlink (constellation de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk) devrait ainsi compter à terme 42 000 satellites, Kuiper (projet d’Amazon) en prévoit plus de 3000, OneWeb plus de 600 et, comme le rapporte L’Usine Nouvelle, l’Union européenne a récemment annoncé le lancement de sa propre constellation, censée assurer sa souveraineté – baptisée Iris2, elle devrait elle aussi se composer de plusieurs centaines de satellites.

Aux interférences visuelles et à la pollution spatiale s’ajoutent des interférences sur les ondes radio, qui perturbent également le travail des astronomes. L’UAI s’inquiète ainsi « de l'impact que ces satellites auront sur la recherche fondamentale et la capacité de l'humanité à découvrir le ciel nocturne naturel » ou à « comprendre le cosmos ».

 

Bientôt un bifteck issu d’un laboratoire dans votre assiette ? Pour la première fois, la Food and Drug Administration américaine a donné son feu vert à la commercialisation de viande « cultivée » en laboratoire à partir de cellules animales. L’objectif de la viande cultivée est d’éviter les souffrances animales et de réduire l’impact écologique de la consommation de viande. La réalité de cet avantage écologique reste toutefois à prouver dans le cadre d’une production à grande échelle, et dépendra bien sûr des moyens mis en œuvre pour cette production.

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