Des nouvelles du futur #4

Dans cette revue de presse, un programme explosif – au sens figuré comme au sens propre : l’avenir (ou pas) des métavers, l’IA musicienne et politicienne, les robots tueurs, et des hommes d’affaires aux idées plus que douteuses (non, il ne s’agit pas d’Elon Musk !)

Image créée par le programme Dall-E sur la base d’un “prompt” que je lui ai soumis

Quel avenir pour les métavers ? Un an après la tonitruante transformation de « Facebook » en « Meta », la presse se fait l’écho des difficultés rencontrées par l’entreprise de Mark Zuckerberg pour donner une forme satisfaisante à son projet de métavers. L’entreprise, dont les résultats financiers déçoivent, vient d’ailleurs d’annoncer le licenciement de 13% de ses salariés. Ces déconvenues soulèvent une question plus générale sur l’avenir économique des métavers : comme le rapporte The Register, le cabinet de conseil Canalys est d’avis que les projets de métavers vont tourner court d’ici à 2025, principalement parce que les entreprises (principales cibles commerciales de Meta) et les particuliers ont des préoccupations plus importantes dans le monde réel, et parce que l’idée même du métavers peine à séduire. Si cette analyse peut paraître frappée du sceau du bon sens, elle se distingue néanmoins des prédictions de McKinsey, Citi ou Gartner, qui imaginent encore pour le marché du métavers un avenir à plusieurs milliers de milliards de dollars…

 

Pendant ce temps, selon le site 01net, le sémillant Palmer Luckey, fondateur de la société Oculus VR (devenue Meta Quest), a annoncé avoir mis au point un casque de réalité virtuelle qui pourra littéralement faire exploser le cerveau de son utilisateur si le personnage qu’il incarne dans un jeu vidéo vient à mourir. L’objectif de Luckey est de transformer l’expérience de jeu en une forme de sport extrême, aux enjeux maximaux. Cette fantastique invention n’a toutefois pas vocation à être commercialisée – en somme, elle n’est développée que pour l’amour de l’art, ou, peut-être, par nostalgie des combats de gladiateurs… Il faut dire qu’un produit tuant ses utilisateurs dès qu’ils croisent un zombie de mauvaise humeur dans le métavers risquerait de voir sa clientèle se raréfier rapidement !

 

Intelligence artificielle et art, suite – Voici un thème qui ne cesse de me fasciner (s’il vous fascine également, j’en ai déjà parlé ici, ici et ici). Cette fois, c’est de musique qu’il est question, et plus précisément de nouvelles générations de programmes qui « inventent » de la musique à partir d’indications textuelles minimales, comme l’application Mubert. Le programme AudioLM développé par Google, quant à lui, peut prolonger aussi bien la musique que le chant (prosodie et paroles) d’un enregistrement de quelques secondes qui lui est soumis. Sans surprise, ces développements inquiètent les maisons de disques : Futurism.com indique que la Recording Industry Association of America a récemment publié une déclaration dans laquelle elle condamne l’utilisation de tels programmes, qu’elle juge contraires aux droits des artistes et des autres acteurs de l’industrie. Si certaines de ces applications impliquent en effet un « entraînement » du programme à partir de morceaux existants, est-ce suffisant pour considérer que la production issue de ces programmes constitue une violation des droits d’auteur ? Après tout, un artiste humain ne s’inspire-t-il pas lui aussi des œuvres des artistes qui l’ont précédé ?

 

Pendant ce temps, une commission de la Chambre des Lords du Royaume-Uni a consulté Ai-Da, une robot-artiste ayant notamment peint un portrait de la défunte reine et tenu plusieurs expositions, sur… la menace et l’opportunité que représente l’IA pour les artistes. On peut voir un extrait de cette audition ici. Les Lords gagneraient peut-être à se demander également si leur propre mandat pourrait être bientôt confié à des IA…

 

Bêtise humaine et artTandis que certains militants écologistes lancent de la soupe ou de la purée sur des œuvres d’art exposées dans des musées sous le prétexte d’alerter sur la cause environnementale, un riche homme d’affaires (créateur d’une cryptomonnaie) a cru bon de brûler un dessin original de l’artiste Frida Kahlo, estimé à dix millions de dollars. L’opération, qui s’est déroulée lors d’un cocktail réunissant apparemment une sorte de jet-set et a été filmée, visait à transformer cette œuvre « physique » en jeton non fongible (NFT, selon l’abréviation anglaise), pour le vendre ensuite à des fins caritatives. Bien que certains aient émis des doutes sur l’authenticité du dessin réduit en cendres, l’initiative a indisposé les autorités mexicaines, et ce grand bienfaiteur de l’humanité risque d’avoir quelques démêlés judiciaires. Finalement, l’intelligence artificielle est peut-être moins dangereuse pour l’art que la bêtise humaine…

 

Robots tueurs – Si l’essor de l’IA dans le domaine de l’art suscite des inquiétudes, le développement des « robots tueurs » représente une menace autrement plus existentielle. Futurism.com relate que, pour la première fois pour un pays membre de l’OTAN, les Pays-Bas ont déployé en Lituanie des véhicules terrestres autonomes armés, dans ce qui est présenté comme une expérimentation sur terrain opérationnel. Pour ne pas être naïf sur le sujet, il convient de rappeler que la Russie elle-même avait déjà franchi ce cap il y a quelques années en Syrie, et que la plupart sinon toutes les puissances militaires travaillent à développer ce genre d’engins. La question du cadre éthique et de la non-prolifération de telles armes est, elle, toujours en suspens, comme je le mentionnais ici

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Ma nouvelle « Munirka » publiée dans la Revue Rue Saint Ambroise