Des nouvelles du futur #7

Dans cette revue de presse : du nouveau sur les interfaces cerveau-machine, un gène mutant susceptible de redonner une nouvelle jeunesse à votre cœur, et le retour du débat sur la géo-ingénierie…

Image créée par le programme Dall-E à ma demande à partir du prompt suivant: “a professor speaking from a podium to a crowd gathered inside a vast glass dome beyond which extends a sky filled with stars and planets, digital art”. Le résultat ne ressemble pas vraiment à ce que j’avais demandé, mais je l’ai trouvé intéressant quand même…

Du nouveau sur les interfaces cerveau-machine – Selon la définition qu’en donne l’Inserm, « une interface cerveau-machine (ICM) désigne un système de liaison directe entre un cerveau et un ordinateur, permettant à un individu d’effectuer des tâches sans passer par l’action des nerfs périphériques et des muscles. Ce type de dispositif permet de contrôler par la pensée un ordinateur, une prothèse ou tout autre système automatisé, sans solliciter ses bras, mains ou jambes. »

Une étude publiée en novembre dernier et résumée par Futurism.com a montré que des personnes tétraplégiques étaient parvenues, après une période d’entraînement de plusieurs mois, à manœuvrer des fauteuils roulants au moyen d’une ICM non-invasive, fonctionnant grâce à des électrodes collées sur le crâne de la personne qui amplifient les signaux électriques du cerveau. C’est précisément le caractère non-invasif du système qui constitue ici un progrès, d’autres ICM reposant sur des implants cérébraux, lesquels supposent une intervention chirurgicale et présentent plus de risques médicaux.

Les implants cérébraux sont justement le champ de recherche et développement de l’entreprise Neuralink, dont le cofondateur n’est autre qu’Elon Musk, et qui espère non seulement rendre la mobilité à des personnes paralysées, mais aussi rendre la vue à des personnes aveugles et le sommeil à des insomniaques. Selon Siècle Digital, Musk a annoncé fin novembre qu’il allait demander l’autorisation de la Food and Drug Administration pour que les puces Neuralink, déjà testées sur des singes (dans des conditions qui ont d’ailleurs suscité certaines critiques), soient expérimentées sur des humains en 2023. L’entreprise et son médiatique fondateur sont toutefois habituées à formuler des promesses qui ne sont pas toujours suivies d’effets… L’avenir dira si 2023 sera celle du succès pour Neuralink. Sa concurrente, Synchron, dans laquelle ont récemment investi Bill Gates et Jeff Bezos, a quant à elle obtenu dès 2021 l’autorisation de la FDA et a commencé ses essais. Des chercheurs chinois travaillent également sur le sujet. La compétition ne fait donc que commencer…

Pendant ce temps, d’autres ont pour ambition d’augmenter notre capacité de mouvement en nous permettant de contrôler par la seule pensée un membre supplémentaire. Grâce à la technique (non-invasive) de l’électromyographie, il semble possible d’identifier les fréquences inutilisées des signaux électriques produits par les neurones moteurs d’un individu — c’est-à-dire les fréquences qui ne contribuent pas effectivement à le faire bouger. L’idée est alors de faire que ces fréquences deviennent le « canal de communication » permettant à l’individu, avec un peu d’entraînement, d’activer délibérément un membre supplémentaire ou un exosquelette. Bien qu’encore à un stade très préliminaire et expérimental, ce travail de recherche offre une preuve supplémentaire que les connaissances ou innovations développées à des fins médicales ou thérapeutiques ont tôt fait d’être explorées à des fins transhumanistes d’augmentation, comme j’en parlais déjà ici. La question est donc : combien de bras auront les cyborgs de demain, et, surtout, qu’en feront-ils ?

Un gène pour rajeunir votre cœur – Selon le site Futurism.com, une équipe de chercheurs anglais et italiens a découvert qu’un gène muté présent chez des centenaires pourrait être utilisé pour « rajeunir » de dix années le cœur d’individus souffrant d’insuffisance cardiaque. L’introduction de ce gène dans les cellules cardiaques endommagées de patients a permis d’en interrompre et même d’en inverser le vieillissement. Le génie génétique est décidément riche de promesses, dont l’extrapolation alimentera le fantasme transhumaniste d’une jeunesse prolongée, sinon éternelle – à ce stade, faut-il le préciser, cela demeure bel et bien de l’ordre du fantasme.

Débats autour de la géo-ingénierie – La géo-ingénierie est à la planète ce que le transhumanisme est à l’Homme : tandis que le transhumanisme entend s’appuyer sur la science et la technologie pour remédier aux limites de notre condition « organique », la géo-ingénierie repose sur l’idée que la manipulation du climat par des moyens techniques est la meilleure solution aux limites de notre planète – ou à la fragilité de son environnement face aux activités humaines. Elle est ainsi présentée par certains comme pouvant compenser notre incapacité à réduire suffisamment nos émissions de CO2, quand d’autres, notamment parmi les militants écologistes, y voient une dangereuse lubie. Ce débat a récemment été ravivé lorsqu’une start-up américaine baptisée Make Sunsets a annoncé avoir répandu dans la stratosphère, depuis des ballons lâchés dans le ciel mexicain, des particules de soufre réfléchissantes destinées à refléter la lumière du soleil vers l’espace pour réduire la température sur Terre. Bien que menée à une très petite échelle, cette initiative a fait polémique – ce qui était d’ailleurs l’objectif avoué de Make Sunsets – et a suscité une réaction du gouvernement mexicain, qui s’est opposé à ce qu’elle se prolonge. De nombreux chercheurs pensent en effet que de telles expériences sont prématurées compte tenu de l’état actuel de nos connaissances, et qu’elles pourraient même avoir des effets négatifs. Tout en appelant lui aussi à la prudence, un récent rapport de l’ONU préconise cependant de poursuivre les études sur le sujet. Le climat étant par définition un problème mondial, il paraît par ailleurs essentiel que l’emploi de méthodes de géo-ingénierie à une échelle susceptible d’avoir un impact planétaire fasse l’objet d’un consensus international – ce qui, dans le contexte géopolitique actuel, n’est sans doute qu’un vœu pieux…

Pendant ce temps, des chercheurs anglais et américains proposent une autre idée, plus originale, pour réduire l’ensoleillement sur Terre de 1 à 2% et limiter ainsi le réchauffement climatique : celle de former une sorte de “parasol” constitué de dix mille tonnes de poussière lunaire, non pas dans l’atmosphère terrestre, mais entre la Terre et le Soleil. Outre l’abondance de la ressource utilisée, le grand mérite de cette option serait son caractère “non-invasif” (on en revient encore une fois à ce critère !), puisqu’elle n’interfèrerait pas avec la chimie de notre atmosphère. Bien sûr, il ne s’agit pas pour autant d’une solution miracle qui dispenserait l’humanité de faire des efforts sur Terre, et les obstacles sont nombreux qui séparent le projet de sa réalisation éventuelle (il faudrait notamment bâtir sur la Lune des bases munies de canons capables de projeter la poussière à l’endroit désiré), mais, à tout prendre, l’idée n’est pas plus folle que d’établir des colonies sur Mars…

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