Réflexions, pensées et impressions, saisies au fil des jours
L’esprit chemine par les mots. Toute contradiction est assumée.
Encore quelques mots sur Ātman, sur le transhumanisme, et sur la présidentielle…
« Qu’est-ce qui vous a donné une idée aussi bizarre ? » Telle est la question que m’a posée Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, lors de la remise du Prix du Muséum littéraire pour ma nouvelle, Ātman…
La ville intelligente, entre fantasme pour humains augmentés et mirage pour citoyens abêtis
Pourquoi vous ne devriez peut-être pas voter pour Siri (ou Alexa) aux prochaines élections municipales
La société du jugement perpétuel
Dans une dictature, l’État surveille et juge ses citoyens à tout moment. Dans une démocratie représentative, c’est l’inverse. Pour la plupart des citoyens, l’expérience démocratique consiste principalement en l’acte de juger ceux qui gouvernent, ou aspirent à le faire. Ce jugement s’exerce formellement au travers du vote, et informellement au travers des opinions que chacun peut avoir ou exprimer ; il est bien sûr indispensable à la vitalité de la démocratie.
Toutefois, notre culture démocratique semble avoir pour effet pervers le développement d’une passion pour le fait de juger.
Pensée du jour #14
Au concept d’identité, je préfère celui d’altérité ; à celui de communauté, celui d’humanité.
Pensée du jour #13
Peu de moments dans la vie nous permettent de savoir qui nous sommes réellement. Certaines existences s’écoulent sans que jamais de tels moments ne surviennent ; d’autres, plus proches des événements ou du pouvoir, en provoquent chaque jour.
Pensée du jour #12
Aussi vrai que « gouverner, c’est prévoir », la science-fiction est un genre politique par excellence.
Pensée du jour #11
Les vérités trop simples n’offrent qu’un refuge précaire face à l’orage des événements.
Pensée du jour #10
Certains reprochent aux hommes et femmes politiques de changer trop souvent d’avis. Je leur reprocherais plutôt de n’en pas changer assez. En-dehors de ce qui est scientifiquement établi, la frontière est mince qui distingue une conviction d’un aveuglement. J’admire les esprits en mouvement, qui ne cessent jamais d’écouter et de réfléchir.
Cela dit, il est vrai que les opinions de certains ressemblent à des papillons de nuit : éphémères, fragiles, attirées par la lumière. La valeur d’un changement d’avis réside dans la réflexion sous-jacente, non dans son opportunisme politique.
Pensée du jour #9
Les idées ne naissent pas dans le confort de l’entre-soi. De la même façon qu’il faut heurter deux silex pour produire une étincelle, la production d’une idée nouvelle requiert un choc, une adversité, ou du moins une rencontre avec l’autre.
Pensée du jour #8
Aux problèmes d’aujourd’hui, la politique apporte des réponses d’hier et la science promet des solutions demain. La bureaucratie met tout le monde d’accord en ne changeant absolument rien.
Pensée du jour #6
La politique est l’art de gérer la complexité du monde. La bureaucratie est l’art de créer ou d’entretenir cette complexité.
Sur la route de Damas
La route était certes en meilleur état du côté syrien – elle était comme neuve –, mais, sur chaque poteau de lampadaire, tous les cent mètres peut-être, figurait un grand portrait de Bachar el-Assad. Le même portrait, répété sur des kilomètres et des kilomètres, par-delà l’horizon, jusqu’à l’absurde – à défaut seulement de l’infini ou de l’éternité, fantasmes toujours déçus des tyrans.
Pensée du jour #2
Il n’est pas de révolution que ses plus ardents partisans ne puissent conduire dans le mur.
Littérature et politiquement correct
Je rejette absolument la tendance qui voudrait imposer à la littérature les injonctions du politiquement correct, la soumettre à l’examen des sensitivity readers, ou la transformer en safe space, comme je rejette l’idée que l’on ne puisse écrire, même dans le registre de la fiction, que sur des expériences que l’on a vécues soi-même, ou sur des personnages qui nous ressemblent.