Réflexions, pensées et impressions, saisies au fil des jours
L’esprit chemine par les mots. Toute contradiction est assumée.
Lectures prospectives – et armes autonomes
Je lis chaque semaine plusieurs articles et infolettres sur le futur, la prospective, les plus récentes découvertes scientifiques ou avancées technologiques. J’y trouve avant tout une matière à extrapolation et à inspiration pour mes textes de science-fiction – et mesure parfois que la réalité rattrape l’imaginaire à toute vitesse. J’y puise également quelques réflexions politiques, tant les évolutions qui y sont décrites sont susceptibles de façonner le monde qui vient.
Impression #11
L’amour fait parfois de nous de simples allumettes : il nous frotte à l’autre comme à un grattoir, fait jaillir l’étincelle, s’assure que le feu prenne, puis nous laisse nous consumer tout seul – le grattoir, lui, ne s’enflamme jamais. Certaines personnes sont d’ailleurs des grattoirs professionnels, qui excellent à embraser les allumettes dès le premier contact, parfois sans même s’en rendre compte, et demeurent impassibles, inaltérables, dans l’attente de la prochaine tête soufrée que le destin leur enverra ; on peut les suivre aux bâtonnets tordus et carbonisés qu’elles laissent dans leur sillage.
Impression #10
L’amour a ceci de commun avec la mort et la défécation qu’il se moque des statuts ou des privilèges : il met tous les hommes à la même hauteur, les rappelant ainsi à l’humilité de leur condition… On peut être l’une des personnes les plus riches et les plus influentes du monde, et ressentir pourtant jusqu’au fond de ses entrailles la douleur d’une passion sans réciprocité, l’impuissance face à l’indifférence de l’être aimé, la crainte de le voir s’éloigner pour toujours ; on peut, même avec la vie la plus remplie, éprouver, sitôt qu’un amour déçu nous prive de substance, la vacuité et l’absurdité de sa propre existence. La chair s’amollit, l’esprit s’éteint, le regard se noie dans l’absence de l’autre, ou à mesure qu’il prend ses distances.
Impression #9
Parmi tout ce que l’on peut lire, que retient-on au-delà de quelques heures, de quelques jours ? Sans même parler du style, qu’emporte-t-on avec soi des idées, du récit, sinon quelques impressions diffuses ? Notre attention n’est jamais que de passage…
À l’exception peut-être de l’écriture, qui consiste donc à produire des phrases plus éphémères que la brume, la lecture est ainsi l’une des activités les plus inefficaces qui soient. C’est aussi l’une des plus agréables… La contradiction n’est qu’apparente : lire revient à s’abandonner enfin à l’instant présent, à se laisser captiver par les papillons qui s’envolent d’entre les pages, sans que rien d’autre ne compte.
Encore quelques mots sur Ātman, sur le transhumanisme, et sur la présidentielle…
« Qu’est-ce qui vous a donné une idée aussi bizarre ? » Telle est la question que m’a posée Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, lors de la remise du Prix du Muséum littéraire pour ma nouvelle, Ātman…
Ma nouvelle “Ātman” remporte le Prix du Muséum littéraire
En lien avec sa passionnante exposition “Aux frontières de l’humain”, le Musée de l’Homme organisait pour la 2ème édition du Prix du Muséum littéraire un concours de nouvelles sur le thème “Sans limites”. Ma nouvelle, Ātman, a remporté ce prix dans la catégorie science-fiction (Prix spécial de l’Agence Universitaire de la Francophonie).
De l’utilité du discours transhumaniste
… ou l’urgence démocratique d’un débat sur le devenir de notre espèce…
La ville intelligente, entre fantasme pour humains augmentés et mirage pour citoyens abêtis
Pourquoi vous ne devriez peut-être pas voter pour Siri (ou Alexa) aux prochaines élections municipales
Le transhumanisme moral, ou le danger d’une quête de perfection humaine
Votre ADN est-il woke, ou êtes-vous l’un de ces paléo-boomers arriérés ?
Transhumanisme : l’illusion du libre choix
Pourquoi nous pourrions tous devenir transhumanistes, que nous le voulions ou non, et pourquoi l’intelligence artificielle pourrait sauver l’humanité, ou ce qu’il en restera…
Pensée du jour #16
Le temps forme une chaîne, dont le présent n’est qu’un maillon. Ni le passé, ni le présent – qui est déjà – ne peuvent être modifiés. Nous ne pouvons agir que sur l’avenir, fût-il distant d’une seconde seulement ; aussi n’existe-t-il de liberté que dans l’avenir. La liberté est notre rocher de Sisyphe : c’est un travail toujours inachevé, un fruit qui ne mûrit jamais. C’est une œuvre de l’imagination, plus encore que de l’espoir. Quand l’imagination meurt, la liberté s’éteint avec elle.
L’avenir pluriel de l’humanité
Comment les effets combinés du transhumanisme et de la réalité virtuelle pourraient créer des avenirs parallèles…
Lecture : Futur – Notre avenir de A à Z, d’Antoine Buéno
C’est le livre que je rêvais de lire depuis longtemps : un vaste essai de prospective, offrant un large panorama de ce qui attend peut-être l’humanité – et la Terre – à moyen ou (très) long terme, sur des thèmes allant de l’agriculture aux zoonoses, en passant par le climat, la démographie, l’énergie, l’espace, la justice, la médecine, la politique, le sexe, etc.
Le progrès scientifique : toujours plus vite, plus haut, plus fort ?
À chaque édition des Jeux Olympiques, de nouveaux records sont battus. Pourtant, sauf potion magique, bottes de sept lieues ou accessoire futuriste, il paraît peu probable qu’un héritier plus ou moins lointain d’Usain Bolt courre le 100 mètres en huit secondes. Le progrès sportif finira par atteindre un plafond, se heurtant aux limites de nos capacités physiques.
En ira-t-il de même du progrès scientifique et technologique ?
La société du jugement perpétuel
Dans une dictature, l’État surveille et juge ses citoyens à tout moment. Dans une démocratie représentative, c’est l’inverse. Pour la plupart des citoyens, l’expérience démocratique consiste principalement en l’acte de juger ceux qui gouvernent, ou aspirent à le faire. Ce jugement s’exerce formellement au travers du vote, et informellement au travers des opinions que chacun peut avoir ou exprimer ; il est bien sûr indispensable à la vitalité de la démocratie.
Toutefois, notre culture démocratique semble avoir pour effet pervers le développement d’une passion pour le fait de juger.
Pensée du jour #15
Eugénisme et transhumanisme sont frères : l’un procède par sélection, l’autre par modification, mais tous deux visent à créer une humanité nouvelle, supposément meilleure.
Impression #8
L’art est le meilleur compagnon de toutes les solitudes.
Pensée du jour #14
Au concept d’identité, je préfère celui d’altérité ; à celui de communauté, celui d’humanité.
Pensée du jour #13
Peu de moments dans la vie nous permettent de savoir qui nous sommes réellement. Certaines existences s’écoulent sans que jamais de tels moments ne surviennent ; d’autres, plus proches des événements ou du pouvoir, en provoquent chaque jour.
Pensée du jour #12
Aussi vrai que « gouverner, c’est prévoir », la science-fiction est un genre politique par excellence.